Eldorado (2008)
Yvan n’a pas un caractère facile. Aussi, lorsqu’il surprend un jeune drogué en train de le cambrioler, il devrait lui casser la gueule. Yvan va pourtant se prendre d’affection pour lui, au point d’accepter de le conduire chez ses parents, dans le sud du pays. L’improbable duo entame alors un voyage mouvementé et cocasse sur les routes belges.
La Belgique de Bouli Lanners ressemble aux grandes forêts du Canada. Plantée d’arbres immenses au feuillage sombre, traversée de larges rivières, peuplée de marginaux, elle sert de décor à un roadmovie d’un nouveau type : absurde, tragique, cocasse et sentimental. Le film s’appelle Eldorado, comme la cité mythique sur laquelle se sont fracassés tant de destins. Il donne envie d’aimer son auteur. Au son d’un rock crépusculaire, le cinéaste livre son pays imaginaire à la contemplation, le temps d’une virée en Chevrolet à bord de laquelle deux blocs de solitude ont temporairement trouvé refuge pour se réchauffer l’un contre l’autre.
Isabelle Regnier, Le Monde