À 63 ans et presque à la retraite, Joaquim est contraint de suivre les règles des agences pour l’emploi afin de pouvoir toucher son allocation chômage. Bien qu’il sache qu’il ne retournera jamais à la vie active, il doit aller d’entreprise en entreprise pour demander des tampons attestant qu’il cherche du travail. Au cours de ces déplacements, il se remémore sa vie d’immigrant aux États-Unis, où il a travaillé comme chauffeur de taxi à New York.


No Tàxi Do Jack est un road movie sinueux dont la destination n’est autre que l’humble maison que le protagoniste partage avec sa petite amie. Alors qu’il parcourt le Portugal dans une quête paisible, Joaquim réfléchit avec nostalgie à ses vingt années d’immigrant sans papier aux États-Unis et entame un voyage parallèle, plus déterminé, dans le passé. La réalisatrice met en scène cette période de sa vie dans un style urbain à la Scorsese, se permettant de filmer un Joaquim plus âgé conduisant une voiture à l’arrêt devant les rues de New York rétroprojetées. Depuis son retour au pays dans les années 90, sa vie semble plus être de l’ordre du drame naturaliste que du monde de la pègre. Dans le présent, la réalisatrice réussit à trouver de la place pour la romance et la beauté : le magnifique grain de l’image crée une composition fascinante. No Tàxi Do Jack est un docufiction qui réussit à faire correspondre les lignes floues de sa narration à chaque tournant formel.

Guy Lodge, Variety